
Stéphanie a été adoptée quand elle n'avait que trois mois. Trente-neuf ans plus tard, deux personnes frappent à sa porte. Ce sont des détectives privés. Ils ont été engagés par sa mère biologique pour la retrouver.
Dès la rencontre entre Stéphanie et ses parents, lorsqu'ils sont allés la chercher dans le sud de la France pour l'adopter, il était évident qu'ils formeraient une famille harmonieuse : "Ma mère a tendu son annulaire vers moi, et apparemment, j'ai attrapé son doigt et elle s'est dit que j'étais son bébé." Stéphanie.
Stéphanie grandit en ayant pleinement connaissance du fait qu'elle avait été adoptée. Après la naissance de ses filles, en 2001, elle décide de contacter l'association qui l'avait recueillie pour trouver des informations sur sa mère biologique. C'est un échec.
"Mon mari m'annonce que des détectives privés ont demandé un entretien avec moi et alors, j'ai compris que ma mère biologique me cherchait."
Mais, en 2009, sa vie est bouleversée par la visite de deux inconnus d'une cinquantaine d'années, qui frappent d'abord chez elle, puis se mettent à la suivre jusqu'à son travail : il s'agit de détectives privés chargés par la mère de naissance de Stéphanie de la retrouver. "Je leur ai d'abord demandé si elle avait besoin d'un rein, d'un organe, de quelque chose de vital. Et en fait non, c'était juste le besoin de savoir qui j'étais, ce que je devenais." Stéphanie.
Stéphanie décide très rapidement de la rencontrer. Elle l'annonce à ses parents en rassurant tout particulièrement sa mère : "Je lui ai pris la main et lui ai dit que ça ne changerait rien à rien. [...] Que je savais qui m'avait soigné la nuit quand j'étais malade ou encore qui m'avait emmené là où je suis aujourd'hui." Stéphanie.
La mère biologique de Stéphanie vient en région parisienne une quinzaine de jours plus tard, accompagnée de son époux. Stéphanie a tout organisé.
"Cette rencontre, c'est une trouvaille pour moi. Pour elle, ce sont des retrouvailles."
Au cours de cette journée, Stéphanie apprend que sa mère biologique a été victime d'un viol par sidération. Elle vient d'une famille bourgeoise qui ne veut pas entendre parler de la grossesse. Seule sa tante lui apporte du soutien : elle l'accueille chez elle et prépare la naissance de l'enfant. Mais elle fait une fausse couche et le bébé lui est enlevé, confié à une association. Ce n'est que récemment qu'elle a avoué la naissance de Stéphanie à son mari. C'est lui et leurs enfants qui l'encouragent à rechercher ce bébé mis au monde près de 40 ans auparavant.
Après cette journée, Stéphanie revoit plusieurs fois sa mère biologique, qui rencontre son mari et ses enfants. Elle lui fait même la surprise d'aller la voir pour Noël. Elle raconte : "C'était bizarre parce qu'elle me demandait des choses que je ne voulais pas faire ou ne savait pas faire. Par exemple, elle avait fait venir un photographe professionnel pour qu'on prenne de photos de tout le monde, et me demandait après si j'en voulais un poster pour l'afficher chez moi. [...] Elle a eu envie de me prendre dans ses bras, et je le faisais pour lui faire plaisir. [...] Elle, elle retrouvait quelqu'un qu'elle avait porté dans son ventre pendant neuf mois, qu'elle avait mis au monde et idéalisé durant 39 ans." Stéphanie.
"On ne peut pas rattraper des choses qu'on n'a pas vécues. Je ne serais pas celle que je suis aujourd'hui si c'était elle qui m'avait élevée."
Stéphanie constate une forte divergence d'opinions entre elle et sa mère biologique, mais continue à la voir régulièrement... jusqu'à l'été 2011. "On était en vacances chez ma mère biologique et son époux, avec mon mari et mes enfants. Elle avait l'impression que tout rentrait dans l'ordre, qu'elle avait ses petits enfants près d'elle, comme n'importe quels grands-parents prennent leurs petits enfants. [...] C'était insupportable pour moi. Alors, on s'est barré comme des voleurs et j'ai coupé court à cette relation du jour au lendemain." Stéphanie.
Mais Stéphanie ne regrette pas la rencontre avec cette femme qui fait partie de son histoire et envers qui elle a beaucoup de reconnaissance. "Je préfère savoir qui est qui et où et qui et comment ça fonctionne plutôt que d'être dans le doute." Stéphanie.
Merci à Stéphanie.
Cet épisode a été diffusé pour la première fois le 12/02/2018.
- Reportage : Antoine Ly
- Réalisation : Cécile Laffon et Cassandre Puel
Musique de fin : "Suave Melodia", Elise Caron - Album : Orchestrales (2016) - Label : Le Triton.
L'équipe
- Production
- Cassandre PuelRéalisation
- Réalisation
- Inès Bouffartigue SebastiaStagiaire
- Attaché(e) de production
- Attaché(e) de production
- Production déléguée