Vous naviguez sur le site de Radio-Canada

Aide à la navigation

La destination d’information de Radio-Canada

Un recours collectif pour les enfants autochtones placés en foyer

Photo d'archives montrant un groupe d'enfants alignés avec, en mention: "and a small voice whispers, 'They found us'", soit en français: "et une petite voix a murmuré, ils nous ont retrouvés".

Plus de 20 000 enfants de Premières Nations, d'Inuit et de Métis ont été enlevés de leur maison et placés dans des foyers généralement non autochtones entre la fin des années 1950 et 1990. Plusieurs enfants ont aussi été envoyés à l’étranger.

Photo : La Presse canadienne / Jason Franson

La Presse canadienne

Une demande de recours collectif lancée contre le gouvernement canadien affirme que les enfants autochtones retirés de leurs communautés et placés dans des foyers à partir des années 1950 ont subi des abus physiques, sexuels et psychologiques, qui « étaient monnaie courante, tolérés et, sans doute, encouragés ».

La plainte déposée ce mois-ci devant la Cour fédérale à Vancouver rappelle que des enfants de tout le pays ont été retirés de force de leur famille pour vivre avec des étrangers, parfois à des centaines de kilomètres de leur domicile et de leur communauté autochtone.

Selon l'avocat Doug Lennox, un des objectifs de cette action en justice, si elle est autorisée par la Cour, est d'indemniser les victimes de la politique canadienne d'assimilation des enfants autochtones.

Cette politique a été mise en œuvre sous diverses formes, pas seulement à travers les pensionnats, rappelle Me Lennox.

Entre les années 1950 et 1990, le gouvernement canadien a placé de nombreux enfants d'Inuit, de Métis et de Premières Nations dans des foyers de groupe, et ceux qui ont été retirés de leur famille dans le cadre de ce programme n'ont pas été couverts par les règlements juridiques concernant les pensionnats, les externats et les internats, explique Me Lennox.

Nous avons reçu des appels de personnes autochtones qui nous demandaient : "Où est-ce que je me trouve dans tout cela? J'ai vécu une expérience similaire, mais je n'étais pas dans un externat ni dans un internat. J'étais dans un foyer de groupe", explique Me Lennox.

Il s'agit d'un groupe qui a malheureusement été oublié jusqu'à présent, mais je pense que cette erreur peut être corrigée de manière raisonnable et équitable, et, je l'espère, bientôt.

Une citation de Doug Lennox, avocat

Foyers de groupe

Le programme canadien de foyers de groupe s'est poursuivi jusque dans les années 1990. Il consistait à retirer les enfants des Premières Nations, des Inuit et des Métis à leur famille et à les placer dans des dortoirs, des foyers et des foyers de groupe distincts des familles d'accueil et des pensionnats.

Selon le recours collectif, le programme faisait partie de la politique d'assimilation forcée des peuples autochtones du Canada, conduisant à l'éradication systématique de la culture, la société, la langue, les coutumes, les traditions, les pratiques et la spiritualité des plaignants et des autres membres du groupe.

Certains foyers étaient gérés par des groupes religieux et d'autres, par le gouvernement canadien. Ils ne prenaient pas en charge les langues et les pratiques culturelles autochtones, ce qui a entraîné pour les personnes qui y vivaient une perturbation et une déconnexion profondes vis-à-vis de leur famille et de leur communauté.

Un enfant marche dans la neige avec son sac d'école.

En 2021, Ottawa a annoncé une offre de 40 milliards de dollars pour indemniser des enfants des Premières Nations retirés de leur foyer, mais aussi pour réparer à long terme le système de protection de l'enfance pour les Autochtones.

Photo : Radio-Canada

L'action en justice réclame des dommages-intérêts non spécifiés au gouvernement canadien pour manquement à ses obligations fiduciaires et négligence.

Aucune réponse n'a été apportée à l'action en justice pour l’instant et les allégations n'ont pas encore été prouvées en Cour ni fait l'objet d'un procès.

Selon une déclaration du ministère des Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, le pays a pris des mesures importantes pour régler les réclamations concernant les préjudices historiques subis par les enfants autochtones en dehors des tribunaux, dans la mesure du possible.

Le Canada a récemment reçu la plainte et est en train de l'examiner afin de déterminer les prochaines étapes.

Quatre plaignants principaux

L'affaire compte quatre plaignants principaux, dont Carol Smythe, membre de la Première Nation Nisga'a, en Colombie-Britannique, qui affirme avoir été placée dans un foyer de groupe en 1977, à l'âge de 13 ans, à Aiyansh.

Elle explique avoir été victime de violences verbales et physiques dans ce foyer et avoir vu d'autres enfants subir des violences physiques et sexuelles.

Toute cette expérience a été terrifiante pour elle, note l'action en justice.

Un autre plaignant basé en Colombie-Britannique, Reginald Mueller, membre de la Première Nation Tsqéscen, affirme qu'il a été arraché à sa communauté à l'âge de 10 ans, en 1969, pour séjourner dans des auberges qui ne soutenaient pas la langue et la culture autochtone.

Donna Kennedy, elle, membre de la Première Nation de Garden Hill au Manitoba, avait 13 ans lorsqu'elle a été retirée de sa maison en 1966 et emmenée dans un dortoir géré par l'Église unie du Canada pendant 4 ans.

Le plaignant Toby Forest, de la Première Nation de Lac La Ronge, en Saskatchewan, raconte quant à lui que le gouvernement canadien l'a retiré de sa communauté en 1968, alors qu'il avait 7 ans, et l'a emmené au Timber Bay Children's Home.

Ce foyer disposait d'un dortoir géré par un groupe religieux sous contrat avec le gouvernement canadien dans le cadre du programme de foyers de groupe, où Toby Forest dit avoir été physiquement maltraité.

Il a tenté de s'échapper du foyer et de retourner dans sa famille à 11 reprises, indique la poursuite. Lors de sa onzième tentative, il est retourné chez ses parents à Sucker River, en Saskatchewan. Il n'est plus retourné au Timber Bay Children's Home par la suite.

Deux femmes qui discutent.

En 2022 déjà, la Cour fédérale a donné le feu vert à une action collective contre Ottawa au nom d’enfants autochtones hors réserve qui avaient été retirés de leur famille et « placés » dans des structures d’accueil non autochtones. L’action visait à couvrir la période du 1er janvier 1992 au 31 décembre 2019, qualifiée de « rafle du nouveau millénaire ».

Photo : La Presse canadienne / DARRYL DYCK

Le Canada avait une connaissance détaillée de la violation des droits ancestraux et issus de traités et des abus psychologiques, émotionnels, sexuels et culturels généralisés subis par les plaignants et les autres membres, mentionne l'action en justice.

Malgré cette connaissance, le Canada n'a rien fait pour remédier à la situation et a continué à administrer le programme de foyer de groupe, continuant ainsi à permettre la perpétration de préjudices graves.

D’après Me Lennox, l'action en justice vise à reconnaître cette autre forme de préjudice causé aux communautés autochtones et à essayer de rectifier ce préjudice, en essayant d'ouvrir ce triste chapitre de notre histoire et de faire avancer les objectifs de réconciliation dans notre pays.

Chargement en cours
Chargement en cours

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (nouvelle fenêtre)

Chargement en cours

Infolettre ICI Colombie-Britanique

Une fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité régionale.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre d’ICI Colombie-Britanique.